Questions De Patrimoine

Questions De Patrimoine – Printemps 2018

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Questions de patrimoine 34 Le culte de Doris Devenir centenaire, voilà bien l'ultime exploit de Doris McCarthy, peintre hors du commun qui a sacrifié l'usage d'un doigt pour l'art Par Anne Kingston (article publié le 20 juillet 2010 dans le magazine Maclean's) Doris McCarthy a eu 100 ans la semaine dernière – un exploit que les nombreux amis de l'artiste attribuent à cette détermination inflexible qui a empreint sa vie. Au cours de ces dix décennies, elle a touché des milliers de personnes en qualité de peintre, d'enseignante et de mentor auprès de générations d'artistes. Ses plus grandes leçons de vie, elle les a transmises en offrant l'exemple de l'intrépidité, en vivant avec verve tout au long de sa vie et en montrant comment la créativité mûrit avec l'âge. Connue pour son esprit perspicace, prompt et pragmatique, Doris McCarthy, désormais très frêle, se trouve, en fin de vie, alitée dans la maison qu'elle a elle-même construite au « Paradis d'une folle », surnom de la propriété de cinq hectares surplombant le lac Ontario, près des falaises de Scarborough. « C'est un miracle qu'elle ait atteint 100 ans, affirme l'artiste Wendy Wacko, ancienne élève et productrice du docudrame Doris McCarthy: Heart of a Painter, réalisé en 1983. Je parie qu'elle tenait bon rien que pour ça. » Le centenaire de cette peintre paysagiste est souligné par des rétrospectives de sa carrière longue de 75 ans, notamment une intitulée Roughing it in the Bush, qui comprend 70 œuvres (dont certaines demeurées inédites de son vivant) à la galerie Doris McCarthy, au campus Scarborough de l'Université de Toronto et au Centre d'art de l'Université de Toronto. La Wynick/Tuck Gallery à Toronto, la galerie de longue date de l'artiste, s'affaire à monter l'exposition Eight Paintings/Eight Decades (Huit peintures/huit décennies), qui cristallise le vaste vocabulaire technique et le style évolutif de Doris McCarthy. Originaire de Calgary, l'artiste a commencé à peindre dans son enfance alors qu'elle vivait à Toronto, dans le quartier Beaches, et séjournait en villégiature à Muskoka. Admise comme boursière à l'École des beaux-arts de l'Ontario, elle reçoit l'enseignement des peintres du Groupe des Sept, dont James E.H. MacDonald et Arthur Lismer. Ces derniers lui offrent un poste d'enseignante à la Galerie d'art de Toronto et, après l'obtention de son diplôme en 1930, un poste chez Grip – une agence de publicité où plusieurs membres du Groupe travaillent alors. On s'attendait à ce qu'elle travaille pour rien en tant que femme. Aussi, Doris décide d'enseigner l'art à la Central Technical High School, où elle comptera parmi ses élèves les futurs artistes Harold Klunder, Murray McLauchlan et Joyce Wieland – qui a confié avoir été inspirée par elle dans sa vocation d'artiste. Paradis d'une folle. Photo : Toni Hafkensheid.

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