Questions De Patrimoine

Questions De Patrimoine – Printemps 2018

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Questions de patrimoine 24 Les femmes associées aux grandes demeures Par Madison Hamilton Un tournant majeur est franchi entre les XIX e et XX e siècles dans toutes les sphères de la société canadienne : la reconstruction des rôles sociaux selon les genres est en cours, comme en fait foi le mouvement des suffragettes. Les familles ayant occupé deux propriétés de la Fiducie du patrimoine ontarien – la Place Fulford et le domaine Ashbridge – illustrent ces changements. Bien que les récits historiques concernant ces propriétés distillent souvent une touche patriarcale et soient axés sur les affaires et le prestige de domaines acquis grâce aux hommes les ayant construits, les chapitres concernant les femmes dépeignent quant à eux une histoire plus profonde, à l'image des femmes aspirant au changement dans une société nouvelle. La Place Fulford à Brockville a été construite de 1899 à 1901 par l'homme d'affaires canadien George Taylor Fulford I et sa femme Mary. Joyau témoignant du statut social de la famille, la maison était un lieu de rencontre pour l'élite politique et commerciale. Mary s'en servait d'ailleurs pour exercer une influence sur son milieu, le commerce et la politique dans le contexte de réunions mondaines. Mary Fulford (1856-1946) a été élevée selon les valeurs et traditions sociales conservatrices de l'ère victorienne, lesquelles dictaient les règles de bienséance pour les femmes. Malgré cette éducation, elle a été une femme indépendante au caractère marqué. Sa décision de prendre pour époux George, un homme d'affaires issu de la classe ouvrière, était contraire aux attentes et souhaits de sa famille conservatrice. Bien que son éducation se soit reflétée dans son rôle de matriarche d'une éminente famille, ce n'est qu'après le décès de George que son caractère indépendant s'est révélé. Elle a dès lors fait valoir le patrimoine de la Place Fulford et donné un coup de pouce à la carrière de son fils George II. Emily Moody (dates inconnues) a été la gouvernante générale de la Place Fulford des années 1920 aux années 1950. Son histoire témoigne aussi de la détermination d'une femme qui s'est taillé une carrière. Emily est arrivée d'Irlande alors qu'elle n'était encore qu'une jeune enfant. Après le décès de sa mère et le remariage de son père, elle s'est trouvé un emploi de domestique pour soutenir sa famille. Pour les jeunes femmes immigrantes, les emplois domestiques représentaient souvent une voie d'entrée vers le Canada et son marché du travail. Au XX e siècle, il s'agissait de l'un des rares emplois à prédominance féminine – commençant toutefois à se raréfier dans un contexte où les femmes ne souhaitaient plus travailler de longues heures pour de faibles salaires. La guerre et l'industrialisation ont également eu d'importantes répercussions sur le marché des Betty Burton (dernière rangée, en haut à droite) et ses camarades du 5 e cours pour magasiniers adjoints de l'ARC à St. Thomas.

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