Questions De Patrimoine

Questions De Patrimoine – Printemps 2018

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Questions de patrimoine 39 La D re Bagshaw observe les répercussions de la Crise de 1929 sur ses patients lorsque celle-ci frappe. Elle raconte : « La grande dépression est arrivée et nous voyions beaucoup de personnes pauvres. Il n'y avait pas d'aide sociale et d'assurance-chômage et ces gens étaient affamés parce qu'ils étaient sans travail. Ils ne pouvaient se permettre d'avoir des enfants s'ils n'avaient pas les moyens de se nourrir! » En 1932, la D re Bagshaw se voit offrir le poste de directrice médicale de la première clinique de régulation des naissances au Canada. Cette dernière est illégale et ne peut fonctionner publiquement. Soixante personnes sont attendues pour la première année de la clinique. Mais c'est plus de 400 qui se présentent. Élizabeth Bagshaw et ses collègues doivent faire face aux critiques émises par les communautés médicale et religieuse. Les paroisses locales demandent aux femmes d'éviter la clinique. « On disait que j'étais le diable, raconte la D re Bagshaw des années plus tard. Mais cela ne m'a jamais inquiétée. » La femme médecin reste la directrice médicale de la clinique pendant plus de trente ans et quitte ses fonctions en 1967. Deux ans plus tard, lorsque la régulation des naissances est enfin décriminalisée, la clinique peut fonctionner légalement pour la première fois. La D re Elizabeth Bagshaw n'a marqué que l'un des nombreux jalons de la lutte de longue haleine menée pour les droits génésiques des femmes au XX e siècle. L'arrêt Morgentaler ayant conduit à la légalisation de l'avortement en 1988 fait aussi partie de ces jalons, et le combat perdure. Bien que l'accès à une régulation des naissances et à l'avortement soit consacré par la loi, celui à des soins de santé sexuelle et génésique sécuritaires est encore une problématique pour les Canadiennes aujourd'hui. Les femmes qui vivent en dehors des grandes villes doivent parcourir de longues distances, faire face à des retards et débourser des sommes élevées afin d'avoir accès aux soins nécessaires. Les militantes d'aujourd'hui se fondent sur l'héritage laissé par Elizabeth Bragshaw et ses contemporaines. Elles s'efforcent de préserver des droits juridiques, y compris les aspects liés à la justice génésique, afin d'offrir un accès égal aux soins de santé génésiques à toutes les Canadiennes. Kimberly Murphy était auparavant spécialiste du marketing et des communications à la Fiducie. Photos gracieusement fournies par The Hamilton Spectator.

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